Apocalypse Hitler

apocalypse_hitler_france_2

ardi soir, France 2 a proposé une nouvelle soirée consacrée à sa série documentaire « Apocalypse« . Après les premiers numéros diffusés l’an dernier et consacrés au conflit de la Seconde Guerre Mondiale, cette année, ce documentaire unitaire s’est focalisé sur le personnage d’Hitler. Diffusé en première partie de soirée, le pari a une nouvelle fois était largement remporté avec une audience très importante, plaçant la chaîne publique en tête de toutes chaînes.

Apocalypse ou comment un programme qui dans l’apparence ne paraît pas emporter avec lui tous les ingrédients pour être fédérateur parvient néanmoins à solliciter une audience considérable dans un paysage télévisuel où la diversité des offres chaque soir n’a pas vocation à fournir régulièrement pareille audience. Comment peut-on alors tenter d’expliquer ce succès ?

Tout d’abord, il faut prendre conscience de l’adéquation très forte qu’il existe entre le service public et ce type de documentaire. Le public est exigent vis à vis de la télévision, d’autant plus lorsqu’il s’agit de la télévision publique financée par le contribuable. Les succès sont pour le moins difficiles à obtenir sur le service public, sauf lorsqu’il s’agit de programmes qui collent à l’ADN de France Télévisions. Le public attend de manière générale une télévision intelligente que Patrice De Carolis avait prôné tout au long de son mandat. Ce « plus » culturel se doit de transparaître dans les programmes puisque c’est grâce à cela que France Télévisions authentifie ses programmes. Un « plus » culturel qui d’ailleurs n’est pas élitiste pour rassembler le public.

Par ailleurs, le succès de ce programme se retrouve également dans la qualité même du projet. De nombreuses images d’archives inédites, une narration factuelle très forte et précise, un format ramassé (deux heures pour retracer la vie d’Hitler). Ces éléments permettent de rendre ce rendez-vous encore plus exceptionnel, de s’offrir une parenthèse historique dense mais qui retrace une partie de l’histoire qu’il est parfois très compliqué d’appréhender de cette manière. De plus, on peut considérer que la dimension événementielle de l’homme incite également le public à prêter une attention toute particulière à ce genre de sujet.

Cependant, cette dimension « Ã©vénementielle » du documentaire n’est sans doute pas totalement étrangère de la thématique (naturellement) mais également de la tradition à faire perdurer qui consiste à entretenir et nourrir un devoir de mémoire que cette période de l’histoire ne doit jamais cesser d’entretenir. « Apocalypse » permet à ce titre d’entretenir ce devoir de mémoire de manière ludique (dans l’acception que regarder la télévision demeure une activité ludique) et familiale. Cette dimension ludique est sans doute à retrouver également dans l’utilisation de la colorisation qui, en plus de bien d’autres effets, permet de rapprocher temporellement ces événements de notre vécu tout en proposant une plasticité commune à tous les types de téléspectateurs.

Mémorielle, performative ou événementielle, voici comment la télévision parvient (encore) à faire perdurer sa place fédératrice à l’époque actuelle.

« Apocalypse » est à voir ou à revoir encore pendant quelques jours sur Pluzz.

Les commentaires sont fermés.


Video & Audio Comments are proudly powered by Riffly