J’ai une question à vous poser

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omme toutes ses consoeurs cathodiques, TF1 propose son concept d’émission politique pour faire face au débat préalable à l’élection. Intitulée « J’ai une question à vous poser », cette émission met face à face un candidat face à un pannel de 100 français.

Après le semi échec d’une précédente émission politique sur TF1 à l’occasion du traité sur la constitution européenne de 2005, la première chaîne d’Europe a revu sa copie privilégiant notamment un panel représentatif de la société française.

L’émission s’est donc déroulée pendant 2 heures avec le candidat face à 100 français. A noter que le panel a été constitué par la SOFRES et se veut être le reflet proportionnel de la population française. Le monsieur loyal de la soirée était Patrick Poivre d’Arvor qui distribuait la parole aux différents intervenants évitant de laisser de trop grandes tribunes au détriment d’autres personnes (même si tous les pannelistes n’ont pas pu poser leur question).

Dans la constitution du plateau pour ce débat, il se présentait dans un style ressemblant à l’hémicycle de l’assemblée nationale. Le candidat était disposé devant ce demi cercle de français à un petit pupitre transparent lui permettant de ne disposer que très peu de notes devant lui (élément de sincérité qui prône un discours direct à l’opposé d’une lecture de chiffres et de formules toutes écrites). La mise en scène était très simpliste là aussi avec seulement une arrivée en plateau un peu plus scénarisée (lumière, déplacement, musique) que le reste. La discussion s’est ensuite enclenchée par des évocations de thèmes puis des questions qui sont venues les étayés.

Concernant la forme utilisée dans ce programme, elle s’est voulue simpliste pour ne pas perturber un discours qui a déjà beaucoup de mal à se faire entendre des français. En effet, aucun « perturbateur » en plateau n’était là pour appuyer là où ça fait mal. Les pannelistes avaient la possibilité de relancer le candidat lorsqu’ils souhaitaient des précisions. Néanmoins, est ce qu’il n’est pas dommageable de ne pas avoir convoqué quelques journalistes, permettant d’avancer d’autres types de questions pas nécessairement évoquées par les français en plateau ; qui (légitimement) se sont contentés d’interroger le candidat sur des préoccupations quotidiennes. Malgré tout certains intervenants ont ouvert le débat sur des thèmes extérieurs au quotidien.

Cependant, le point positif que l’on peut retenir de ce type d’émission est la légitimation apportée au discours politique qui pâtit en général d’une campagne basée sur de vulgaires jeux d’enfants.

PS : Comme une émission politique sur TF1 ne peut se faire sans critique ou polémique, l’émission est aujourd’hui attaquée par un candidat mais aussi par le canard enchainé qui ont dénoncé que la production de cette émission ait été confiée à la société A Prime Group, gérée par Dominique Ambiel, ex conseiller de Raffarin à Matignon…

Si vous avez vu cette émission, vous pouvez laisser votre sentiment sur ce programme et son déroulement en ne partant dans aucune considération politique (propos modérés ou tout simplement supprimés).

L’émission est encore disponible sur le site de TF1 (Partie 1, Partie 2) (je n’ai pas inséré ces vidéos sur cette page pour ne pas être le relais d’une parole politique qui discréditerai la ligne de conduite tenue sur ce blog).

D’autres documents sont disponibles sur le site de TF1 (présentation du plateau, réaction de Patrick Poivre d’Arvor après l’émission)

2 commentaires

  1. Le format de cette émission est inspiré par les réunions publiques, bien connues des élus locaux qui l’utilisent à tour de bras.

    Je connais bien les limites de ce format pour être depuis longtemps animatrice de ce type de réunion. Le temps imparti à chacun est trop court pour créer un vrai dialogue, même avec la possibilité de relancer. La scénographie type arène force implique un manichéisme (les bons / les méchants, les sachants / les ignorants) et crée une impression d’affrontement peu propice à crédibiliser les politiques.

    On n’est pas dans le dialogue, ni dans le débat mais dans l’examen, le grand oral.

    Seulement, dans les grands oraux, les jurys sont d’ordinaire composés de spécialistes. Comment juger une politique économique si on n’est pas économiste émérite ?

    Plutôt que l’absence des journalistes, je déplore l’absence de vrais experts sur les différentes questions importantes de la campagne. Environnementalistes, économistes, juristes… Voilà qui pourrait faire avancer les choses et créer des vrais débats.

    Mais ça aucun politique ne s’y risquerait… Beaucoup trop casse gueule. Dommage…

  2. Totalement d’accord avec votre avis. La scénographie télé (qui est le fondement même de ce média) est en effet un « brouilleur » d’opinion inimaginable. Elle instaure des rôles avant même que la prise de parole ne s’effectue.

    Si l’on compare aux autres, la télévision à ce côté pervers d’une mise en scène permanente à l’insu de tous les protagonistes. Un plan rapproché, une contre plongée etc. sont autant d’indicateurs d’opinions qui ne se fondent que sur des cadres représentatifs que nous interprétons. De ce point de vue, la radio, l’Internet et la presse sont des lieux d’échange et de compréhension beaucoup plus clairs !

    Concernant la présence d’experts, elle est en effet refusé par les candidats qui la juge trop dangereuse mais aussi par le public qui traditionnellement n’aime pas la parole experte qu’elle juge décroché de la réalité vécue par « le bon peuple de France ». La parole « profane » est largement plébiscitée car elle est porteuse d’authenticité et d’un discours universel.

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