L’écologie, média compatible ?

ecologie.JPG

hème plus qu’à la mode en ce moment et au centre de bien des discussions, l’écologie (mais aussi l’écologisme) semble détenir enfin une portée médiatique dont elle a cruellement souffert depuis des années. Mais cette ouverture médiatique engendre-t-elle une bonne diffusion du message ?

On le sait, la télévision se nourrit de ce qui bouge, est rapide, visible, cadrable temporellement. Et là réside le principal problème de la médiatisation de l’écologie et de tous les problèmes qui s’y rapportent. Car expliquer que la température moyenne va s’élever de quelques degrés en plusieurs années, cela n’interpelle aucunement le public. Parler d’une variation de deux degrés ce n’est pas vécu comme une catastrophe car tout un chacun s’étalonne à son quotidien et constate que d’un matin à un autre les variations sont souvent de plus forte amplitude sans que leur vie ne soit ménacée.

Alors il a fallut pour qu’une prise de conscience germe en chacun illustrer ces théories. Et c’est dans cette optique que les premiers documents marquants de l’écologie ont été la fonte et la chute d’énormes morceaux de glace aux pôles. Pourquoi ces images comme figure de proue ?

Pour plusieurs raisons, en premier lieu de par la teneur même des images qui dépasse le quotidien que l’on attend de ce type de paysage souvent coutumier de silence et d’horizon immaculé. De plus, le fait est rapide, marque une vraie rupture, il calibre tout à fait avec les standards que l’on attend dans l’information d’aujourd’hui. Cet exemple est aujourd’hui parlant d’un constat, encore faut il arriver dès lors à franchir un autre obstacle à la médiatisation de l’écologie, qu’est celui de la connexion entre cette chute de glace et le quotidien de chacun. Et ceci est d’autant plus difficile qu’une majorité (encore aujourd’hui) se voient habitant de France donc dépositaire exclusifs de la pollution et des conséquences franco-françaises de notre mode de vie. C’est légitime et ce n’est pas exclusif au combat écologique, il est vrai dans bien d’autres domaines.

Après le constat, l’écologie de manière générale a dû trouver les moyens de communiquer à propos des moyens à mettre en Å“uvre. Et ceci n’est pas aisé également puisque tout comme les conséquences sont longues à se manifester concrètement, les solutions à appliquer vont demander là encore du temps avant d’arriver à de premières brides de résultats. Et c’est là que l’écologie ne semble pas être « média compatible » pour la simple et bonne raison que son message doit se fonder sur un apprentissage, une nouvelle façon de penser sa vie quotidienne, dans une optique plus raisonnable qu’actuellement.

Et voilà un sacré challenge demandé à l’ensemble des espaces médiatiques, celui d’apprendre à raisonner, à réfléchir différemment, à posséder une vision à long terme des choses, alors que depuis de nombreuses années, les médias manifestent généralement une vision ethnocentrique (à visée occidentale) fondée sur l’avoir et le paraitre…

BONUS : l’intervention de Michel Serres dans « Le sens de l’info », chaque dimanche soir sur France Info. Voici sa dernière chronique concernant l’environnement. Tout un cheminement de réflexions au combien intéressantes (durée : 7 minutes).

5 commentaires

  1. C’est quoi une vision ethnocentrique à visée occidentale ? 😯

    Je ne pense pas que la prise de conscience se fasse par la médiatisation de l’écologie… enfin elle y contribue, mais je ne pense pas que ce soit le principal facteur. Une minorité a pris conscience d’ l’importance de l’écologie, cette minorité s’agrandit et est de plus en plus influente Dans le commerce ça devient une variable importante, surtout, des arguments autres qu’écologiques se rattachent à ce phénomène de fond (ampoule chères qui feront économiser à l’avenir, etc.), etc. Bref, c’est un effet boule de neige, mais je pense qu’au fond, c’est le commerce qui en est à la base, le fait qu’on touche au porte-feuille.

    La TV c’est surtout du sensationnalisme, et à force, l’image dont vous parlez, le gros glaçon qui tombe, à force d’être utilisée et réutilisée, elle n’impressionnne plus, c’est lassant, ça fait presque partie du quotidien. C’est comme avec les famines africaines, c’est devenu banal.

    Et au fond, c’est un des risques de la médiatisation de l’écologie. À force de vouloir sensibiliser comme ça, sans de véritable réflexion, simplement des images sensationnelles, ces évènements vont se banaliser…. et tout ce qui s’en suit.

  2. Je suis tout à fait d’accord que les médias dénaturent l’objet premier et c’est bien ce que j’en dis ici. Et comme vous le remarquez également, c’est de la réflexion en premier lieu qu’il faut mettre en avant, mais cela est en partie incompatible avec la majorité des médias ou en tous les cas cela va prendre énormément de temps pour que l’équilibre entre « Ã©ducation » et télévision puisse voir le jour.

    Enfin pour la définition « d’ethnocentrique à visée occidentale » c’est tout simplement que les médias ne regardent en général que ce qu’il se passe chez eux (ethnocentrique) et lorsqu’ils s’aventurent au delà des frontières, ils appliquent un filtre « occidental » qui fait que l’actualité est présentée avec une vision particulière, qui ne correspond en majeure partie pas aux réalités de ces régions. Les mÅ“urs, les coutumes, la manière de vivre font que certaines fois l’information présentée est biaisée par rapport à la réalité.

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*


Video & Audio Comments are proudly powered by Riffly