La (fameuse) vidéo

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lle était attendue depuis de nombreuses années cette fameuse preuve de vie de l’otage franco-colombienne Ingrid Betancourt. Depuis quelques jours, la voici enfin arrivée et largement diffusée. Et maintenant que peut on en dire ?

Cinquante deux secondes, voilà le temps pendant lequel un fébrile cameraman propose le film qui est une preuve de vie. Tout d’abord, soyons fortement sarcastiques en indiquant que sur la vidéo en question, la temporalité de l’action est extrêmement, voir impossible à effectuer. Aucun élément n’appose une date précise à cette scène. La lettre écrite à ses proches apporte d’avantage d’éléments.

Pour ce qui est de la vidéo à proprement parlé, elle a été remarquablement orchestrée. Malgré la fébrilité de base que l’on peut ressentir de la part du cameraman, le déroulement de la scène est très bien scénarisé. Pourquoi est ce que je parle de scénarisation, parce que cette vidéo nous présente ce que nous voulions voir. En effet, de toutes les interprétations qui ont été faites sur ses conditions de détention, c’est cette image qui a toujours émergée à savoir, elle, isolée dans la jungle sans un bruit, en gros seule au monde.

Bien sûr, nous ne nous attendions pas non plus à la voir danser au travers de ses ravisseurs mais malgré tout, cette vidéo répond à cette imagerie collective de manière parfaite.

Ensuite, l’utilisation des zooms a là aussi une importance capitale. Respectivement, l’image passe d’un gros plan sur le visage d’Ingrid à un plan large (tout est relatif, il est large dans le sens où il montre ce qui semble être l’ensemble de son habitat) pour se finir sur un nouveau gros plan. L’intérêt du gros plan est bien évidemment de « faire parler » l’otage au travers de sa mimétique. Dans ce cas précis, le message est on ne peut plus claire. Ensuite, intervient un plan d’ensemble qui est là encore est très bien travaillé puisqu’il montre divers éléments intéressants. Tout d’abord, ce qui lui sert d’équipement est entièrement fait avec les matériaux sous la main, ce qui amplifie le côté précaire et dure du traitement infligé. Cela étant, le cadreur ne manque pas de nous montrer quatre poteaux de bois qui soutiennent un toit mais également deux bouteilles d’eau placées sous la table et dont on aperçoit les goulots. De par ces éléments, les FARCs indiquent également que les conditions (précaires) sont réunies pour la maintenir en vie (ils jouent sur la preuve de vie tant demandée). Enfin, la vidéo se referme avec un nouveau gros plan sur le visage de l’otage.

Après, la scénarisation est également visible dans la posture adoptée par Ingrid Betancourt. Cette forme, cette courbure avec le regard bas n’est bien évidemment pas sans rappeler la figure de la Pieta. Les preneurs d’otage font jouer cette figure mondialement connue afin d’attendrir d’avantage l’opinion publique internationale et ses dirigeants. Le fait qu’à aucun moment elle ne regarde l’objectif amplifie d’avantage la frustration de chacun qui en regardant cette vidéo ne peut que se sentir mal à l’aise.

Enfin, cette vidéo a une portée résolument internationale. Tout d’abord car elle est sans parole, et le message est uniquement transmis par le corps, ce que chaque humain peut comprendre (avec des variantes mais avec un message de base identique). Cette absence de paroles, ce silence pesant donne d’avantage de poids à l’image et incite chaque téléspectateur à s’impliquer d’avantage dans l’interprétation de ce document. Ensuite, comme je l’ai dit, la figure de la Pieta est elle aussi mondialement connue et véhicule avec elle un message quasi identique par delà toutes les frontières.

LA VIDEO EN QUESTION

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