la question de savoir si le numérique pouvait avoir des répercussions dans notre monde réel et physique, le dernier exemple en date qui vient de mettre en scène la radio Skyrock est à ce titre un exemple de premier ordre. Retour sur cette manifestation à coup de clics.
Skyrock est en train de passer le cap d’une zone de turbulences telle qu’elle n’en avait jamais passé dans son histoire débutée depuis le milieu des années 80 à l’époque où Pierre Bellanger créa cette radio. Pour mémoire, les derniers jours ont vu une succession d’événements relatés ici.
Sans me prononcer ici sur toute la partie concernant la stratégie, j’aimerais davantage me focaliser sur l’incroyable mobilisation que les auditeurs ont accordé à leur radio qu’ils ne voulaient en aucune manière voir disparaître dans son format original.
En effet la mode est, depuis quelques années maintenant, de mobiliser à la moindre alerte toute sa communauté numérique afin d’ériger un barrage qui bien souvent perdu dans la masse des initiatives lancées sur les réseaux sociaux n’a pas l’impact escompté malgré qu’il ait le mérite d’exister. Dans le cas de la crise qui a secoué Skyrock, le déroulé de cette montée du mécontentement a été tout autre. En effet, une page en particulier a tout de suite fédérait un nombre considérable d’adhésions.
A telle point qu’en moins de vingt quatre heures, la page comptait déjà plus de deux cent mille membres (et environ six cent mille à l’heure d’écriture de ce texte). Deux cent mille membres en moins d’une journée, dont la majorité étant des utilisateurs très actifs sur les réseaux sociaux ayant un fort pouvoir de diffusion de leurs opinions, quelle manifestation est à l’heure d’aujourd’hui capable en France de rassembler autant de monde, sans heurts et surtout en utilisant qu’à minima le système médiatique classique (l’antenne de Skyrock étant tout de même largement consacrée à cette mobilisation et au relais de l’opération de mobilisation) ?
A ma connaissance Skyrock, grâce à la fidélité et la densité de son réseau numérique (rappelons que Skyrock est le premier réseau de blogs en Europe avec plus de trente huit millions de comptes créés), est la seul structure ayant réussie à rassembler une telle population en si peu de temps au niveau national.
Néanmoins, il ne faut tout de même pas attribuer à Facebook toutes les vertus et les palmes de la manifestation. Cette adhésion, aussi massive soit-elle, est un acte de l’instant qui par le clic sur le bouton « j’aime » n’engage pas outre mesure. Cet acte montre une manière de penser mais n’engage pas sur la suite. Même si l’effet de masse et la fulgurance avec laquelle il a été mis en place est impressionnant, il demeure que le geste fort de Pierre Bellanger qui n’a pas voulu quitter son bureau pendant une semaine ainsi que le refus d’accéder aux locaux de la radio que s’est vu recevoir le nouveau DG nommé par le fond Axa sont à ce titre des manifestations physiques de cette mobilisation.
Car l’enseignement que l’on peut garder de cet événement restera que l’adhésion numérique est importante car elle participe d’un mouvement général mais qui ne trouvera une portée concrète et effective qu’à condition que cette parole commune trouve un écho fédérateur, un porte voix unique et audible posté au sommet de la pyramide.