L’amour est dans le pré / 2 sur 2

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i en cette période estivale il y a bien un succès incontestable en télévision, il s’agit bien de l’émission de M6 « L’amour est dans le pré« . Sixième saison à l’antenne, l’émission a connu depuis ses débuts une progression régulière en terme d’audience et de notoriété jusqu’à s’imposer cette saison comme l’émission la plus puissante de M6 tout en étant celle qui véhicule l’image la plus positive. Retour sur les raisons d’un succès. Partie 2 sur 2.

Il y a quelques jours de cela, la première partie consacrée à cette émission s’était particulièrement attardée sur le choix des candidats, les lieux d’action ainsi que la mise en images. Cette fois-ci, il va s’agir de s’intéresser à la mécanique propre de ce programme ainsi qu’à la place qu’occupe ce programme dans les préoccupations sociétales du moment.

Commençons par la mécanique mise en place dans cette émission. Sans ambiguïté, il s’agit d’être conscient que ce programme fait clairement partie de ce que l’on nomme (arbitrairement) « télé réalité » pour la double raison qu’une situation artificielle est crée (des agriculteurs rencontrent des lambdas après un passage télévisé) et qu’un système d’élimination existe (élimination après lecture des courriers, élimination après la rencontre sur la péniche et ultime élimination après les quelques jours passés dans la ferme). Cependant, cette appellation « télé réalité » est soigneusement mise en scène afin de paraître la plus anodine et surtout naturelle qui soit. Dans « L’amour est dans le pré« , l’élimination est faite de telle sorte qu’elle paraît naturelle et ne repose pas sur le sentiment généralement ressenti de l’élimination / humiliation d’autres émissions de ce genre. Ici, telle que nous est présentée l’émission, ce sont plus les sentiments que les personnages qui effectuent cette sélection naturelle. L’Homme est ainsi fait (dans une culture occidentale et généralement admise) qu’il n’est à la recherche que d’une seule compagne (article écrit au masculin même si des candidates participent également à l’aventure), donc éliminer les autres prétendants n’est le fruit que d’une pure logique sentimentale que la « télé réalité » exploite dans sa dimension positive.

Par ailleurs, si l’on exclut cette dimension d’élimination qui renvoi au genre de la « télé réalité« , le reste de l’émission demeure dans un retrait salutaire, de véridification vis à vis de ce qui est diffusé. C’est à dire qu’après la mise en marche de l’émission (dans laquelle apparaît l’animatrice Karine Lemarchand) où les bases sont posées, animatrice comme production disparaissent (ou se réfugient en voix off) afin de laisser chacune des histoires suivre son cours. La suite des épisodes demeure dans de l’observation où l’impression de liberté et de vérité donnée aux candidats est complète (impression seulement car naturellement que la production encadre le déroulé de chaque journée ainsi que les étapes dites traditionnelles que l’on retrouve dans chaque histoire : partage des chambres, préparation des repas, courses au supermarché, visite de la ferme, des animaux, rencontre avec la famille, les amis, etc.). Néanmoins, en terme de mécanique, c’est l’alchimie subtile faite entre mécanique efficace et absence d’artifice qui rend le déroulé de cette émission agréable à suivre.

Enfin, dernier point qui puisse expliquer une partie du succès de cette émission, le rapport que ce programme peut avoir en terme de cohérence d’époque et de préoccupation. En effet, la très grande majorité des émissions de divertissement s’appuient sur des tendances de société afin de lancer de nouveaux programmes. Cependant, cette cohérence vis à vis de la société est le plus souvent de façade puisque derrière cela, les univers fantasmés propres à la télévision reprennent le dessus, laissant l’onirique comme face visible du programme et n’agissant au final que peu dans la thématique de société à proprement parler. Pour « L’amour est dans le pré » le constat n’est pas tout à fait le même puisque grâce à cette (fausse) absence de mise en scène, le téléspectateur se retrouve tout de suite immergé au cÅ“ur d’un phénomène de société qu’est celui du célibat des agriculteurs. Par ailleurs, l’objet même du programme est d’apporter des solutions concrètes à cette situation. C’est ainsi que cette émission offre une promiscuité et surtout une appréhension palpable et quantifiable d’un phénomène qui n’est rien d’autre qu’une statistique. Des visages, des situations, des histoires s’inscrivent dans le témoignage de cette situation. Vu sous cet angle, « L’amour est dans le pré » est sans doute une des rares émissions qui dans le lien entretenu entre la société et l’émission est la plus performante dans la monstration, l’explication ainsi que les solutions apportées dans le genre du divertissement.

Car pour en terminer avec cette émission, il est également à noter que ce programme ne promeut qu’exclusivement des valeurs positives et universelles, une fois encore en rupture complète avec tous les critères généralement établis dans ce genre d’émission. Dans un contexte où la dureté des existences et du monde qui nous entoure résonne dans un tumulte permanent, la mise en avant et l’affirmation de ce type d’histoires positives (avec le plus souvent une conclusion heureuse) s’inscrit dans une tendance dont les mois à venir risquent d’apporter de nouveaux exemples.

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