Prolonger l’expérience TV ?

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l’heure où les audiences des programmes télévisés diminuent en permanence (par diminution mécanique du fait de la multiplication des chaînes mais également et sans doute par faiblesse et uniformalisation de l’offre), l’éveil de la social TV offre de nouvelles perspectives dans la quête des téléspectateurs, mais encore faut-il parvenir à tisser les passerelles idéales.

Dans des habitudes qui n’ont plus lieu à l’heure actuelle, regarder la télévision et les programmes qu’elle proposait était encore ressenti comme un événement dans le sens où ce que la télévision incarnait dépassait de loin tout ce que l’on était en lieu d’imaginer. Les divertissements se produisaient dans des lieux fantasmés tels que l’on en verrait jamais, les documentaires emmenaient les téléspectateurs dans des lieux inexplorés où sans doute celui-ci n’aurait jamais le loisir de se rendre. Bref, la télévision représentait un échappatoire doublé d’un véritable espace de rêverie.

Cette période est désormais révolue et avec elle un certain âge d’or de la télévision, époque à laquelle il était encore possible de rassembler des foules massives devant le petit écran. Désormais, la course à l’audimat s’est considérablement ramassée entre les différents protagonistes. TF1, champion de l’audience, parvient encore à conserver son titre mais au prix d’une très forte érosion de son audience. Il en va de même pour la grande majorité des chaînes dites historiques (à l’exception notable de M6).

Néanmoins, la télévision ne va pas pouvoir se contenter de subir cette baisse et se doit de trouver de nouveaux moyens de rassembler le public. Pour se faire, cette année 2012 se dessine sous le signe de la social TV et plus généralement de l’extension de « l’expérience TV » au delà de la lucarne éclairée pour investir durablement et quasi quotidiennement les mondes numériques. Face à la multiplication des marques à l’antenne (et surtout de leur proximité éditoriale), l’option de vouloir développer une stratégie numérique forte basée sur différents éléments est une très bonne idée sur le papier mais dans les faits elle s’avère être extrêmement compliquée à mettre en place.

Développer une stratégie cross-média ou transmédia autour de l’univers d’une émission de télévision nécessite avant toutes choses que celle-ci puisse pourvoir à ce besoin initial (ici on exclue l’expérience du livetweet et de Facebook qui ne sont pas à proprement parlé la prolongation d’émissions mais plutôt leur accompagnement numérique). Concrètement, un jeu offre par essence de fortes possibilités de déclinaisons et de mises en avant de l’univers crée. Un documentaire possède une densité éditoriale très forte pour alimenter de toutes parts les médias numériques. Une série également, puisque l’identification aux personnages, l’attrait pour les intrigues ainsi que la récurrence à l’antenne va  permettre par effet de cause à conséquence de moduler l’univers et ainsi de prolonger l’expérience du téléspectateur. Néanmoins, la question se pose encore en grosses lettres lorsque l’on parle d’émissions plateau type « talk show« , divertissement ou variété.

Ces types d’émissions se confronte en règle générale à un double soucis de taille. Les univers sont, pour la plupart, sans réelle épaisseur et ces émissions compartiment le plus souvent leur diffusion télévisée par tout un tas de rubriquage qui morcellent l’émission et n’offrent pas une linéarité donc une profondeur dont pourrait se servir le numérique pour prolonger l’expérience antenne. Ainsi, combien d’émissions unitaires ou même de « talk show » (alors que eux disposent de la récurrence) demeurent dans les canons de la télévision du siècle dernier.

Prolonger l’expérience TV hors de l’écran de télévision pour investir tous les autres, c’est avant toutes choses demeurer convaincu que l’histoire commence à l’antenne et que le web et tous les autres supports ne sont que des ramifications protéiformes de celle-ci. Il faut également qu’en télévision, les producteurs et les chaînes prennent le pari avec le divertissement, la « télé réalité » (dans une moindre mesure) ou encore les « talk show » de proposer une offre globale et de mettre à bas cette sacro-sainte habitude de compartimenter une émission par peur de lasser et de retrouver des téléspectateurs perdus entre les chaînes. Investir dans la densité des univers mis à l’antenne, développer des outils d’accession aux programmes à tous moments (fonctionnalité à développer une fois l’avènement des télévisions connectées en place) pour événementialiser l’antenne aux grands carrefours d’audience (au détriment du reste de la grille mais c’est un risque à prendre pour les grandes chaînes) et ainsi dédier les instants où la grille de programmes sera moins forte à la prolongation des expériences TV via le second écran. Ou quand la télévision deviendra chaînon de l’univers médiatique et non plus entité unique, on parlera alors non plus d’audience télévisée mais tout simplement d’audience médiatique.

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