#radiolondres ou la culture net en exemple

radio_londres

fin de mettre à mal la divulgation interdite en France des résultats de l’élection avant l’heure fatidique des 20h, internet s’est joué de la règle tout le dimanche après-midi afin de publier les premières estimations sans pour autant franchir la fameuse ligne jaune. Un exercice de style salvateur à plus d’un titre.

Qu’ils aient utilisé l’univers météorologique : « 29° à Tulles« , gastronomique : « le flan doit cuire pendant 29 minutes » ou encore les horaires de train : « prochain départ pour la Hollande dans 29 minutes« , internet et plus particulièrement Twitter ont su admirablement faire fi des réglementations rigoristes de préservation des résultats de l’élection.

D’une rigueur dans la forme de la divulgation, les instances se sont également faites avoir en terme de rigueur dans la chasse à l’évocation des résultats. Que ce spectacle a pu paraître navrant et au combien révélateur d’un fossé immense entre des institutions de plus en plus déconnectées et une population qui elle le devient de plus. Et qu’il est fait bien peu de cas des choix individuels des électeurs alors que l’on essaie de maintenir secret les premières estimations. Ceux-ci sont-il vraiment des moutons pour se laisser convaincre sur leurs opinions tandis que des tendances leur sont communiquées ? Qui parmi la société civile peut révéler un profil assez politisé pour user des réseaux sociaux tout en se rendant dans l’isoloir et ainsi voter dans une optique de basculement des tendances ? Si cette franche d’électeurs existe, elle doit sans nul doute être la plus tenue possible compte tenu de l’engagement qu’un processus pareil nécessite.

Bref, l’opération spontanée #radiolondres (ou #icilondres) menée sur les réseaux sociaux révèle une fois encore que les citoyens disposent désormais des moyens suffisants pour appréhender des événements d’envergure et surtout cet engouement autour de ce jeu d’ombre et de lumière entre institutions et citoyens montre comment internet fourmille d’une culture et d’un savoir faire que d’aucun de nos dirigeants est en passe de toucher du doigt tellement cet outil protéiforme leur est profondément inconnu.

#radiolondres est un exemple symptomatique mais au combien éclairant de ce que internet possède en lui et combien l’approche collaborative et intuitive autour de deux segments permet de faire émerger une production univoque à ce média. Dans cet exemple, fournissez d’un côté des estimations sorties des urnes et de l’autre une culture vive et en perpétuellement mouvement issue d’internet et vous obtenez les bons mots, les jeux de mots, les piques, les formules qui fleurissent sur les réseaux sociaux.

Dénie de démocratie ? Mise en défaut de l’élection ? Privation du droit de vote ? Non, Twitter et les réseaux sociaux de manière générale ont simplement joué leur rôle, celui de faire vivre une culture qui par essence et par confrontation avec le modèle dominant aime à se jouer de celui-ci en le contournant, en le parodiant, en le moquant. Son but premier n’est pas nécessairement celui de vouloir se mettre hors la loi. Sa vocation est quant à elle par contre de laisser une culture s’instiller dans notre quotidien afin de lui faire prendre des formes et des tons aucunement conventionnels. Et c’est à ce titre que les pouvoirs en place mettent à l’index une forme plutôt qu’un fond, une méthode plutôt qu’une décision, une culture plutôt qu’un règlement.

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