Du dérapage vers la banalisation ?

Il y a quelques jours de cela, les équipes d’Envoyé Spécial ont recueilli les retentissants propos de l’ex candidate aux municipales de Rethel, Anne-Sophie Leclere, qui ont depuis créés une véritable polémique. Cet article s’articule autour d’une approche médiatique de cette déclaration en aucune manière, il ne s’agit de produire ici une portée politique à cette déclaration.

Dans l’extrait ci-dessous (monté), l’ancienne candidate effectue une comparaison entre la garde des sceaux et un singe.

Ce qui m’importe dans ce passage, c’est la manière dont la narration est produite. En effet, cette prise de parole, dans sa forme, dénote de ce qui est habituellement produit par des candidats en campagne. Le lieu tout d’abord, il semble qu’elle se trouve dans son habitation, dans un dispositif scénique qui se veut le plus « naturel » possible, c’est à dire en miroir de la population face à laquelle elle envisageait de se présenter. Ensuite, son apparence vestimentaire traduit là-encore une proximité affichée, voulue. Ce n’est pas parce qu’il s’agit d’une femme que ce critère se doit de trouver une place particulière, un homme politique également fait de ses vêtements un outil de communication (cf. ministre belge en short sur un plateau). Dans le cas qui nous concerne ici, Madame Anne-Sophie Leclere se présente en débardeur noir, cheveux négligemment attachés à l’arrière.

L’ensemble de ces éléments demeurent importants dans le discours que cette personne tient, puisque voulant communiquer sur sa proximité de fait et d’état avec son corps électoral, elle en adopte les codes, les attitudes et déploie le dispositif jusque dans le langage (que cela soit la tenue du propos ou bien le langage utilisé). Dans ce que nous connaissons habituellement du discours politique et de ceux qui le représente, l’attitude est la plus souvent solennelle et le discours n’appuie que peu sur des cas très concrets ou des attaques personnelles. Il s’agit le plus souvent de concepts généralistes, de visées à moyen ou long terme, d’idées vagues qui englobe et malaxe avec constance l’idée du « mieux vivre ensemble« .

Ici, le dispositif tel qu’il nous est présenté est une variante complète du discours politique habituel et se teinte schématiquement de ce que l’on a l’habitude de nommer « le café du commerce« . Il n’en demeure pas que les propos tenus sont tout à fait condamnables mais dans une vision expurgée de ce volet juridique, cette séquence est en amorce d’une politique populiste qui dans la forme, comme dans l’énonciation des discours risque de pénétrer de plus en plus notre espace public. Avec l’ensemble de risques et de dérives que cela comporte jusqu’à peut-être un jour, qui sait, une banalisation de ces même discours.

 

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