L’ours ou la vie

La vidéo a fait le tour du monde il y a plusieurs jours de cela. Effectivement, elle avait de quoi retenir l’attention de toutes et tous tant à elle seule, elle exemplifie, s’il le fallait encore, la cruelle réalité du réchauffement climatique. D’ordinaire, un bout de banquise qui se disloque avec un ours blanc dans le champs émeut considérablement ; cette fois-ci, en voir un en terrain déneigé et affamé aiguise encore un peu la pitié et la colère de certains, quitte à s’en prendre à n’importe qui, comme l’auteur du cliché par exemple ?

Car c’est bien à ce scénario proprement scandaleux qu’a du faire face Paul Nicklen qui est à l’origine de cette vidéo et de quelques photographies. Effectivement, son rôle dans le cadre de cette production pour National Geographic reste bien évidemment d’informer sur l’état de la planète, sa faune et sa flore. De nous sensibiliser, nous consommateurs du quotidien pour que la prise de conscience épisodique puisse devenir pérenne. Voici son rôle au travers du dispositif de la production d’images.

« We stood there crying—filming with tears rolling down our cheeks, » says photographer Paul Nicklen.

« Nous sommes là, en train de pleurer en train de filmer avec des larmes qui coulent sur nos joues »

Dans ce cas-ci, les images produites, présentant sans doute un impact (trop) fort pour les défenseurs de la Nature, l’auteur a été pris à parti via de nombreux commentaires extrêmement durs (voir ci-dessous), lui reprochant de ne pas avoir tenté de nourrir cet animal sauvage et affamé, tout simplement de ne pas lui être venu en aide. De nombreux commentaires sont ainsi venus alimenter cette idéologie, sans même en rester sur le sujet global mis en exergue par cette vidéo.

Par la suite, ceux qui se font foi de connaître la loi y sont allés de leurs injonctions quant à l’interdiction de nourrir les animaux sauvages, ce qui a permis d’égarer, s’il le fallait encore, les dernières personnes qui n’avaient pas. Ainsi, on en arrive à ce type de réactions, qui sont, précisons le encore, totalement déconnectées du sujet initial ou quand des idéaux prennent place à une discussion, à un objet de sensibilisation. On ne pense plus global, on s’arqueboute sur ses uniques convictions, les mettant en avant dans n’importe quel contexte en ne cherchant plus à se positionner idéologiquement selon un cas de figure, mais d’adopter des postures systématiques et sclérosées.

Face à la vacuité une fois encore mis en avant des réactions sur les réseaux sociaux et quand bien même les messages haineux voir même menaçants se faisaient jour, la rédaction de National Geographic a du se fendre d’un article explicatif pour justifier un acte journalistique qui par sa seule définition ne peut dans un paysage médiatique réfléchi susciter une telle colère mal orientée quand bien même les causes profondes de cette situation ô combien préoccupante ne trouvent malheureusement pas place dans la discussion.

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