La télévision ou le miroir déformant continue

Le CSA a tout récemment publié sa dernière version de son baromètre de la diversité dans les médias et plus spécifiquement en télévision. Pour cette édition 2017, ils se sont concentrés sur les programmes ayant un caractère informatif (JT, Documentaires, magazines d’actualité) ainsi que les fictions. Et le moins que l’on puisse dire est que la diversité dans son acception globale n’est pas encore à l’ordre du jour, que cela soit en terme de représentation des différentes populations de la société ainsi que de leur situation socio professionnelle. Petit tour d’horizon des principaux chiffres de cette nouvelle étude.

Tout d’abord, ce rapport présente la représentation actuelle des profils au sein du corpus d’émissions étudiées et le premier constat est que la situation s’améliore… doucement et c’est le moins que l’on puisse dire. Le pourcentage de personnes « perçues comme non-blancs » passe en effet de 16 % à 19 % en deux ans. Des efforts considérables sont encore à faire dans ce domaine d’autant que la France dans un contexte européen puis mondial ne se situe pas vraiment aux places d’honneur en ce domaine. Effectivement la représentation de « blancs » à l’écran reste considérable et l’étude nous montre également que ces minorités sous représentées le sont aussi au sein de postes ou de rôles à portée positive.

Au-delà de ces disparités vis-à-vis de la représentativité de la diversité de la population française, il y a également une autre disparité flagrante mise en avant dans cette étude. Il s’agit de la surreprésentation des CSP+ vis-à-vis des autres catégories. Les différences sont énormes entre les statistiques officielles et celles présentées dans ces programmes. Alors que la population française se compose de 45 % d’inactifs, ceux-ci ne représentent que 11 % des personnes présentes en télévision (– 4 points en deux ans). Les tranches d’âges font également l’objet de modifications importantes entre réalité et représentation.

Alors qu’il apparaît compliqué de demander à la télévision de respecter à la fois la crédibilité, la légitimité et la représentativité de l’ensemble de ses intervenants, des efforts doivent nécessairement s’imposer car dans le cadre actuel, cette distorsion actuellement observée joue également sur la crédibilité des réalités vécues au sein de notre société. Sous représenter une population, une catégorie, une tranche d’âge ou au contraire la surreprésenter, c’est déformer une réalité que l’on s’échine à présenter le plus « objectivement » possible.

Maintenir ces écarts, c’est creuser le sillon des clichés, des idées reçues, des généralités non réalistes, dans un contexte global d’hystérisation de l’information. Il s’agit au final d’un enjeux citoyen et médiatique vital pour les médias du XXIe siècle.

 

 

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