Rien de sexiste dans ce titre, tout au moins un constat implacable de l’évolution des médias et d’une grande première qui va avoir lieu à compter du mois d’avril prochain au Japon. A cette période, le journal télévisé ne sera désormais plus présenté par un(e) journaliste mais bel et bien par un robot, plus précisément Erica, 23 ans nous dit-on. Faisons connaissance.
On savait que le métier de journaliste était soumis à toutes les évolutions et que les années se succédant, son écosystème reste soumis à de vives tensions et des mutations profondes de ses habitudes, sa diffusion et ses points de vigilance. Néanmoins, jusqu’à présent, l’humain semblait conserver une place centrale dans ce dispositif bien qu’aidé par une technologie massivement présente.
Le pas que s’apprête à franchir le Japon avec la mise à l’antenne du robot Erica s’avère décisive dans le paysage médiatique et soulève de très nombreuses questions. Avant tout, il faut savoir qu’Erica débarque dans un pays très clairement en avance technologique et idéologique dans le domaine de la robotique. Celle-ci trace son sillon dans la société et son usage en qualité d’assistant intelligent ne surprend plus outre mesure.
Dans le contexte qui nous concerne, Erica se destinait en premier lieu à un poste de secrétaire de l’aveux même de son créateur Hiroshi Ishiguro (directeur du Intelligent Robotics Laboratory à Osaka). Initialement capable de réciter un script, elle serait désormais capable de soutenir une conversation avec un humain, géolocaliser la provenance d’un son et exprimer des émotions simples sur son visage.
Ainsi, si l’on considère la présence effective d’Erica comme présentatrice du journal télévisé, il convient tout d’abord de s’interroger sur son rôle. Simple répétitrice ? Journaliste ?! Elle semble capable de tenir une conversation avec un humain, est-elle en capacité d’effectuer une interview ? Ses pensées peuvent-elles être autonomes ? Est-elle guidée à 100 % par un humain ? Quelle(s) décision(s) est-elle susceptible de prendre par elle-même ? La liste des questions pourrait s’allonger encore et encore tant les domaines d’interrogations se multiplient dès lors que l’on envisage cette hypothèse.
De manière plus générale, imaginer confier la présentation du journal à un droïde n’est-ce pas un cruel aveux d’échec de la part des chaînes de télévision, des rédactions et des journalistes eux-mêmes dans un contexte de fake news et de polémiques à répétition où seule le politiquement correct, la parole plate, sans ambiguïté, sans prise de position et sans aucune aspérité peut être assumée devant le plus grand nombre ?
Dans cette situation déroutante, voici l’une des premières interview d’Erica réalisée en mai 2017