No « No Billag »

Le 4 mars prochain la Suisse va voter, sous l’impulsion d’une initiative populaire, pour ou contre ce qui est apparenté là-bas à la redevance audiovisuelle. En somme, la Suisse va décider si oui ou non, elle va dire adieux à son service public audiovisuel. L’occasion de revenir sur ce qu’est un service public audiovisuel et sur les profonds séismes citoyens qu’un arrêt de ce type pourrait provoquer.

Le système de fonctionnement des télévisions publiques en Suisse est assez complexe à la fois dans son financement, son organisation et ses liens entretenus avec de nombreux acteurs locaux voir même privés. La campagne actuellement menée et intitulée « No Billag » (du nom de l’organisme collecteur de la redevance en Suisse) vise à supprimer cette taxe (la plus élevée au monde et qui se chiffre à 385 € par an, que vous possédiez une télévision-radio ou non).

Au-delà des revendications protéiformes de l’action, c’est le principe même de suppression du service public d’audiovisuel suisse qui à de quoi questionner. Déplaçons la situation de quelques centaines de kilomètres en l’amenant en France et actons de fait, par une décisions identique, la suppression conjointe de France Télévisions, Radio France, RFI, Arte, l’INA. Le séisme serait considérable.

Acter cette disparition, c’est rendre les armes d’un service public garant d’un devoir citoyen à l’égard de la société, c’est donner les clés médiatiques aux acteurs privés du genre dont les relations avec les puissances financières et publicitaires n’est plus à démontrer. Le service public n’est pas garant de toutes les vertus cathodiques, cela est un fait et son inclinaison positive face au pouvoir politique est parfois à questionner. Mais en des termes de pluralité de l’information, vouloir sciemment se passer de la vision portée par le service public, c’est mettre en défaut une cohésion de société, une représentativité des langues (notamment dans le cas helvétique avec la présence conjointe de quatre langues officielles : l’allemand, le français, l’italien et le romanche), une perception des réalités mais également des exigences et des quotas éditoriaux que seuls les services publics de l’audiovisuel sont en capacité de proposer. Par ailleurs, la couverture de certaines zones difficiles d’accès nécessitant un déploiement de moyens considérables pour une faible population est à mettre à l’actif des services publics de l’audiovisuel et non des acteurs privés du secteur.

Face à l’ensemble de ces enjeux, il paraît incompréhensible qu’une démocratie moderne telle que la Suisse se saborde d’elle-même au travers d’une décision qui s’avérerai funeste pour son destin citoyen.

 

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