Je te regarde, moi non plus, mais je te veux

Depuis plusieurs mois, un conflit fait rage entre le groupe TF1 et les opérateurs de distribution TV tels que Orange ou Canal +. La source du conflit réside dans une affaire financière et une volonté manifeste de la part du Groupe TF1 de faire payer la diffusion de ses canaux sur les plateformes de ses concurrents alors que la diffusion était jusqu’à présent gratuite du fait que les fréquences de diffusion octroyées à ses chaînes font partie du domaine public et cette velléité de faire payer l’usage d’un bien public a de quoi faire s’interroger. Dans ce contexte, le versant technique et financier est laissé aux experts du genre. Dans le cadre de ce blog, faisons le point sur le public pris dans cette affaire. Quelles sont ses remarques, ses réactions et ses moyens d’action.

Alors qu’Orange menace de couper la diffusion à ses abonnés de l’ensemble des chaînes du Groupe TF1, Canal + n’a pas fait dans la demi-mesure et vient (depuis hier soir) de passer à l’acte et de couper unilatéralement la diffusion de TF1, TMC, TFX, TF1 Séries-Films et LCI.

Du côté du public, il s’agit de la première manifestation concrète de ce conflit et le moins que l’on puisse dire c’est qu’une volée de boucliers s’est mise en place depuis hier notamment sur Twitter. Attaque envers Canal + ou contre TF1, le séisme semble demeurer au top des préoccupations d’un certain nombre de personnes comme en atteste un certain nombre de tweets (tweet 1 / tweet 2 / tweet 3 / tweet 4).

C’est tout de même assez sidérant de considérer qu’une chaîne aussi souvent vilipendée, suscitant dans les enquêtes publiques si peu d’approbation se voit jouir d’une popularité et d’une intégration manifeste à nos habitudes quotidiennes. Concrètement, l’idée est que malgré une qualité de programmes largement décriée et une plus value incertaine, TF1 est un membre du quotidien. S’en voir retirer la possibilité de zapper est vécu comme un choc quand bien même ce canal ne serait pas le plus consulter et sa disparition se révélant à ce moment là comme un non événement.

Cette situation de fin de diffusion par Canal + révèle en creux un attachement viscéral à TF1 et ses chaînes. Quand bien même, il peut être de bon ton de snober la chaîne en prétextant ne jamais ou rarement la regarder, ce sevrage forcé fait ressortir un terrain fertile et une capacité d’audience encore considérable pour une chaîne comme celle-ci.

Au-delà même de cet amour en creux, c’est une consommation télévisée boulimique et partiellement aveugle qui se fait jour. On ne réfléchi plus en pratique médiatique, en thèmes, en programmes avec lesquels nous sommes en affinités, on réfléchi simplement en nombre de canaux qui déversent continuellement leur contenu. Habitué à être gavés de programmes, quand bien même la quantité reste considérable, on ressent comme un manque. Alors que de manque, nous devrions plutôt penser cette situation comme point de départ d’une refondation de notre consommation média quotidienne.

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