‘article n’est pas tout à fait d’actualité mais quelque fois il est intéressant également de distancier son regard d’une émission qui vient d’être diffusée et c’est exactement le cas avec cette nouvelle émission apparue à l’antenne de France 5 le 28 octobre dernier (très tard) et qui se nomme « Le Grand Webze« . Mariage du monde du web avec celui de la télévision ? L’union a-t-elle positive ou les caractères se sont-ils révélés incompatibles ?
« Le Grand Webze« , de quoi s’agit-il ? La meilleure façon de répondre à cela est encore de laisser parler l’instigateur de cette émission Vinvin lors d’une interview quelques heures avant la première de son programme.
L’objectif avancé par cette émission était de dresser la première passerelle entre internet et la télévision, deux médias qui jusqu’à l’heure actuelle n’ont jamais réussi à cohabiter de manière optimale. « Le Grand Webze » s’est ainsi offert la présence de Vinvin, une personnalité du web, permettant, au minimum, de créer cette passerelle via sa personne. A ses côtés, l’humoriste François Rollin était là pour apporter bonne humeur et répartie.
L’analyse de cette émission n’est pas la plus évidente qu’il soit à faire. Se placer du point de vue du web ou de la télévision ne rendra pas compte de la même manière d’appréhender l’émission. En pures termes télévisuels, l’émission a singulièrement manquée de rythme proposant un ensemble décousu où le ton employé par les animateurs ainsi que les invités étaient contraires (sans appréciation positive ou négative du terme) aux critères généralement utilisés en télévision. Tout comme les invités et les activités proposées dans l’émission n’étaient pas nécessairement fédératrices du grand public. Toujours dans le registre télévisuel, l’émission a été diffusée dans une configuration « faite avec les moyens du bord« , sans générique, pas de plateau clairement identifié, pas de récurrence et de mise en scène clairement établie et répétée (notamment en terme d’axes de caméra), une régie et des techniciens qui font partie du décorum, etc. L’effet voulu a été ostensiblement celui de la transparence, une volonté affichée de montrer les coulisses et de ne pas faire de la télévision maquillée dans un très bel emballage, très esthétique.
C’est un choix courageux, singulier, qui sort clairement des sentiers battus et dont les effets sont encore difficile à identifier étant donné que l’émission ne compte qu’un seul numéro et qu’il sera intéressant de voir comment les équipes vont-elles procéder lors du second numéro en instaurant des changements ou en voulant conserver cette écriture délitée.
En se plaçant du côté du web, il est vrai que l’émission paraît immédiatement beaucoup mieux armée pour voguer dans ce média là . En effet, « Le Grand Webze » dispose de la page officielle sur le site internet de France 5, un compte Twitter officiel, un compte Dailymotion, une page Facebook tout aussi officielle ainsi qu’un site web dédié exclusivement à l’émission. Tout cet armada numérique permet notamment aux internautes de créer une très forte interactivité en dehors de l’émission. Car sans doute réside là un point particulier de cette émission, celui de procéder à des échanges beaucoup plus denses en dehors du programme que pendant le programme. Lors d’une diffusion, seul un live tweet (artisanal dans sa diffusion) permet d’avoir le retour du public. Avant et après l’émission, des appels à contributions sont régulièrement lancés, les avis des internautes sont recueillis, des entretiens avec les invités de l’émissions permettent de proposer une sorte de debrief de l’émission, etc. Par ailleurs, l’équipe de l’émission a mis en place via son compte Dailymotion, repris ensuite sur chacune des plateformes ce qu’ils nomment le #daily doc, sorte de in situ low cost dans les entrailles de l’émission afin de tenter de faire comprendre le grand foutraque qui entoure et conçois l’émission. Chacun de ces petits épisodes ne reflètent pas la réalité de la préparation de l’émission mais permet tout simplement de concevoir l’univers de « Le Grand Webze » tout en mobilisant régulièrement les internautes entre chaque diffusion sachant que l’émission est proposée mensuellement.
En résumé, « Le Grand Webze » est une vraie expérience télévisuelle qui pour la première fois a envisagé internet comme source à l’émission et non comme ajout de dernière minute pour faire branché et contemporain. La stratégie sur internet est dense, plutôt complète et permet de dévoiler l’univers singulier de ce programme tout en étant un vrai vecteur de construction éditorial des émissions en sollicitant les internautes dans leurs goûts et coups de cÅ“ur. C’est d’ailleurs, pour donner sans doute le maximum de place à la volonté du public dans les choix des invités qu’ils proposent que l’émission en termes purement télévisuels possède un rendu si peu commun qui nécessairement ne peut occasionner un programme grand public puisque dans sa disposition à l’antenne il convoque beaucoup plus d’outils venus de la culture web que des classiques de la télévision. Néanmoins, l’émission mérite un intérêt tout particulier dans un paysage audiovisuel où les écritures télévisuelles ont tendance à stagner.
Très intéressant.
Nous opérons de nombreux changements pour la 2ème, parce que Le Grand Webze est un programme laboratoire.
Hâte de lire ce que vous en penserez.
À très vite.
Vinvin
Merci de l’info. Je serais de nouveau téléspectateur pour voir les évolutions et découvrir à quel point le laboratoire du « Grand Webze » et son univers sont télé-compatibles.